Un million pour combiner IA et environnement
Déjà parents de quatre filles, le grand patron du laboratoire montréalais de Google en intelligence artificielle, Hugo Larochelle, et sa conjointe Angèle Saint-Pierre ont trouvé une autre façon de combiner leurs expertises : un don de 1 million à l’Université de Montréal, pour une bourse annuelle sur l’intelligence artificielle mise au service de la protection de l’environnement.
M. Larochelle a obtenu un doctorat en science informatique en 2009, et Mme Saint-Pierre, une maîtrise en biologie animale à l’UdeM. Elle se consacre aujourd’hui aux quatre filles du couple, âgées de 7 à 14 ans, tandis que M. Larochelle est directeur de Google Brain à Montréal, un laboratoire de recherche ouvert en 2016 spécialisé en apprentissage profond. Il est en outre professeur adjoint à l’Université de Montréal.
« L’environnement est quelque chose qui nous tient à cœur, on milite pour ça, explique Mme Saint-Pierre en entrevue. On a décidé de rallier nos deux domaines pour faire une différence. »
L’annonce officielle de ce don, et de la bourse annuelle de 40 000 $ qui y sera associée, a été faite mardi soir dans les locaux de l’université. Pour M. Larochelle, il s’agissait de renvoyer l’ascenseur à l’établissement qui a donné le coup d’envoi à une carrière qui en a fait une sommité mondiale de l’intelligence artificielle.
« Je réalise le privilège de ma situation financière qui est beaucoup due au fait que j’étais à l’UdeM dans les bonnes années, au moment où l’IA a vraiment fleuri et est devenue un domaine de prédilection. »
De Twitter à Google
Frais émoulu de l’université, M. Larochelle a cofondé une entreprise visant à simplifier l’implantation de l’IA dans les entreprises, Whetlab, vendue en 2015 à Twitter. Il a travaillé jusqu’en novembre 2016 dans les équipes du réseau social à titre de chercheur avant d’être repêché par Google. En parallèle, de 2011 à 2020, il a enseigné à l’Université de Sherbrooke.
« Ce sont des emplois qui paient bien », résume simplement M. Larochelle. Sans tambour ni trompette, le couple soutient régulièrement de nombreuses causes, notamment Centraide et, en 2019, a fait un don au département d’informatique de l’Université de Sherbrooke. Il espère que ce plus récent don encouragera d’autres philanthropes.
« On aimait bien l’idée de faire un geste plus significatif pour inspirer d’autres gens. La protection de l’environnement, ça va être un défi auquel des développements technologiques vont contribuer. »
– Hugo Larochelle, chercheur en intelligence artificielle
Comme parents, soulignent les deux donateurs, ce geste contribue à conscientiser leurs enfants à l’importance de cette cause. « Faire des dons, s’ouvrir sur les problèmes de ce qui se passe en environnement, c’est important », souligne Mme Saint-Pierre.
La bourse annuelle de 40 000 $ sera offerte à un ou deux étudiants par année, fruit des rendements attendus du don de 1 million, qui poursuivront un doctorat en apprentissage automatique lié à des thèmes comme la lutte contre les changements climatiques ou le déclin de la biodiversité. Le choix des conditions d’attribution de cette bourse a été fait à l’issue de discussions entre le couple et l’université, précise M. Larochelle.
« Quand on les a approchés pour poser un geste philanthropique, on avait certaines idées, mais on était conscients qu’il fallait le faire en partenariat avec l’université, ajoute-t-il. C’était bien, finalement, parce que ça s’insère dans ce que l’université voulait faire dans ce champ-là. »